La Crèche ne remplace pas les parents

Publié le par Khalamity

La crèche ou la garderie peuvent accueillir l'enfant dès l'âge de trois mois. Les auteures s'interrogent sur l'impact d'une socialisation si précoce. Est-ce bien pour l'enfant d'être séparé de sa mère à un âge aussi tendre, alors que les recherches prouvent que le nouveau-né s'éveille par l'affection et la stimulation des proches? Ce recueil veut faire réfléchir les parents sur les dangers de démission: la garderie ne peut pas, à elle seule, faire le bonheur des enfants. A l'issue d'une de mes visites dans une crèche municipale  j'ai eu une longue conversation avec Mme Edith Defaux, Puericultrice et directrice de l'établissement.Selon elle, les parents auraient de plus en plus tendance à se décharger sur les professionnels de la petite enfance, concernant notamment l'éducation, et l'autorité. AInsi, beaucoup de parents semble t il, privilégieraient leur vie sociale, au détriment du bien être de l'enfant. L'enfant laissé aux bons soins des puéricultrices s'étiole peu à peu, et le lien se dénoue avec sa famille. Cela a fait écho en moi, et m'a rappelé une conversation récente avec une amie institutrice. Les parents se déchargeant sur le système éducatifs pour prendre en charge la civilité, les valeurs, la politesse, l'alimentation....

Aussi, alors que dans le cadre des mes projets, j'entends les besoins des parents sur de la garde d'enfant en horaires atypiques, ne puis je m'empecher de m'interroger du bien fondé de telles démarches. Mme Defaux m'a très gentiment orienté sur un livre de Anne Wagner , que j'ai lu avidement. Et que je vous conseille aujourd'hui.

J'ai d'ailleurs trouvé en tapant les mots "Anne Wagner Creche", un article du site  l'Union des Familles, qui reprend parfaitement ce qui ressort ce ce livre particulièrement interessant.


A  mettre entre de nombreuses mains.. .

 Gw.

 

 

 

 

La crèche 
 
Anne Wagner a derrière elle trente ans d’expérience en crèche, bref, elle sait de quoi elle parle quand, en collaboration avec une journaliste, Jacqueline Tarkiel, elle pose la question que se posent chaque année des milliers de jeunes parents :
Compte rendu de lecture par G. Bichot Notre enfant est-il heureux à la crèche ?
 
Sa réponse tient en deux cents pages qu’on lit d’une traite  [1]  L’auteur nous est immédiatement sympathique par sa grande sincérité et son sens de la nuance et de la modération. A grands traits, l’idée d’Anne Wagner est la suivante :
 
 
Oui, aujourd’hui, tout est fait dans les crèches pour que les enfants s’épanouissent et vivent au mieux l’absence de leurs parents, mais jamais, au grand jamais, la crèche aussi exceptionnelle soit-elle, ne doit remplacer les parents.
 
Dans sa démonstration, Anne Wagner fait uniquement appel à son bon sens et à l’expérience. Son seul souci, ce sont les tout-petits que l’on confie de plus en plus jeunes et de plus en plus longtemps à des structures collectives. La socialisation précoce est-elle la panacée ? Quels adultes nous prépare-t-elle ? Démarche d’autant plus intéressante qu’Anne Wagner avoue avoir été pendant de longues années une chaude partisane du « tout crèche » et comme elle se dit plus que jamais féministe, on ne peut vraiment pas la taxer de vouloir renvoyer les mères à leurs fourneaux : « il y a quelques années, si l’occasion m’en avait été donnée, j’aurais écrit une apologie des crèches. L’âge m’ayant donné du recul, l’inconditionnelle que je fus fait aujourd’hui son bilan ».
 
 
"Entraînée au pas de course par le féminisme, persuadée que les femmes devaient foncer dans le travail et s’y épanouir, que rester chez soi à élever ses enfants était dévalorisant, encouragée par les « psy » et les spécialistes de l’enfance, j’étais convaincue que la séparation du petit enfant de son milieu familial était indispensable à la constitution de sa personnalité. Notre métier d’infirmière-puéricultrice et nos institutions favoriseraient la « libération » du nourrisson ! N’avions-nous pas une panoplie parfaitement au point pour adapter au mieux l’enfant à sa nouvelle maison ? Le fameux « doudou », l’objet transitionnel devait lui permettre de se passer de sa mère et de son père."
 
 
" Nous n’avons plus la naïveté de croire qu’il suffit à remplacer les parents. Déjà dans les années cinquante, des spécialistes dénonçaient les méfaits éventuels de l’institution sur le bébé. Mais nous, les défenseurs de la crèche, avions été jusqu’à démontrer que leurs idées étaient sans fondement et que, grâce à nos structures, nous pouvions créer de nouvelles générations d’enfants. Je suis revenue de toutes ces chimères et je me demande, avec d’autres, quels adultes deviendront ces enfants élevés avec des parents presque toujours absents. Eux aussi d’ailleurs commencent à se poser des questions et je vois non seulement des mères s’interroger, mais des jeunes pères essayer d’intégrer dans leur « plan de carrière » une disponibilité pour leur enfant. Ce n’est pas par nostalgie du foyer, mais sous l’effet d’une réflexion qui me semble nécessaire. Il faut aujourd’hui savoir quelle place donner à l’enfant. »
 
La vie à la crèche
 
 
Tout dans une crèche est conçu en fonction des besoins des 0-3 ans. Les locaux sont gais, clairs et pratiquement sans danger (on ne peut malheureusement pas en dire autant de bien des logements !). De plus en plus, priorité est donnée à la convivialité sur l’hygiénisme rigoureux de mise jusque dans les années 80.
 
 
« Les salles de bains avec leurs tables de change étaient séparées les unes des autres par des vitres et ressemblaient à des aquariums dont on devinait la succession à travers la transparence. Mais il n’y avait aucune intimité. L’hôpital collait encore à la peau des crèches. Aujourd’hui, le souci primordial de l’architecture est de permettre une relation directe entre le parent et la personne qui va s’occuper de son enfant. Plus de salle de vestiaire : le casier de l’enfant est directement dans sa salle de jeux, l’enfant ne change pas de pièce (...). Enfin, on utilise au maximum l’espace pour les activités ludiques de l’enfant ».
 
 
Chaque enfant bénéficie de soins attentifs et souriants de la part du personnel. La norme établie par le Ministère de la santé prévoit une auxiliaire de puériculture pour cinq enfants qui ne marchent pas (jusqu’à 15 mois environ), une auxiliaire pour huit enfants qui marchent. De plus en plus souvent, pour éviter les changements successifs, l’enfant reste entre les mains d’une seule auxiliaire au cours de ses deux premières années et même quelquefois trois ans de suite : c’est l’auxiliaire de référence ou la référente, elle s’occupe de 5 (ou 8) enfants, toujours les mêmes, pour éviter qu’ils ne soient pris en charge par quatre personnes différentes dans la même journée. C’est elle qui remplit le carnet de liaison remis chaque soir à la famille.
Les crèches sont beaucoup évolué et surtout les parents y ont leur rôle à jouer lors de la période d’adaptation bien sûr, mais ensuite au quotidien en entretenant un dialogue de bonne qualité avec le personnel et en veillant à ne pas considérer la crèche comme une consigne. Anne Wagner a beaucoup de plaisir à voir certaines auxiliaires invitées de temps en temps à dîner dans les familles des enfants dont elles s’occupent... mais ce cas de figure n’est malheureusement pas le plus fréquent.
 
 
Les limites de la crèche
 
 
Malgré tous les efforts faits par le personnel des crèches pour améliorer la qualité de l’accueil, un certain nombre d’enfants éprouvent de réelles difficultés d’adaptation à la vie en collectivité. Selon l’âge et le tempérament des enfants, ces difficultés s’expriment de diverses manières : maladies ORL à répétition, refus de dormir ou de boire son biberon, fatigabilité ou énervement extrême... Anne Wagner parle d’un véritable stress des bébés de 3 mois ou à peine plus hors de la séparation d’avec leur mère quand celle-ci doit reprendre son travail. Parfois, ce stress peut durer des mois et disparaître à condition que les parents veuillent bien y mettre du leur. Il suffit parfois de peu de chose : s’arranger pour reprendre l’enfant plus tôt le soir ou écourter ses journées à la crèche en embauchant une baby-sitter deux heures par jour, s’occuper plus de l’enfant le soir à la maison et le week-end. S’il n’y a aucune amélioration, il faut envisager un changement de mode de garde. Outre le système traditionnel des nourrices (assistantes maternelles) ou des personnes employées à domicile, des solutions intermédiaires connaissent aujourd’hui un grand essor : la crèche parentale et la crèche familiale adaptées aux enfants qui se sentent perdus dans un groupe trop important.
 
 
Souvent, il est difficile de faire entendre raison aux parents quand leur enfant est rétif à la vie en collectivité, on se heurte à un véritable fantasme parental : seule la crèche éveille l’enfant, la « socialisation précoce » engendre des petits génies... C’est à voir, répond Anne Wagner en s’appuyant sur des études très récentes, en particulier un travail réalisé aux Etats-Unis : ce seraient les enfants qui passent de 10 à 30 heures par semaine en garde collective qui obtiendraient le meilleur développement cognitif et social, tandis que les enfants qui subissent plus de trente heures par semaine de ce type de garde de même que ceux qui ne sont jamais placée obtiennent de moins bons résultats. Et là encore, il importe de relativiser : à la maternelle, si l’enfant de trois ans qui sort d’une crèche est plus débrouillard que ses petits camarades, à quatre ans, ils se confondent tous. La garde collective à petites doses semble être la bonne solution. Or, en France, la plupart des enfants font des journées de 10-11 heures à la crèche... Si les crèches restent ouvertes si longtemps, cela tient à leur origine hospitalière. Au Danemark et dans la plupart des pays scandinaves, bien que les crèches collectives soient très performantes, les enfants ne peuvent y rester plus de six heures par jour.
 
 
Les enfants et leurs parents en vacances
 
 
Anne Wagner s’inquiète de voir un nombre croissant de parents se décharger complètement sur la crèche de l’éducation de leurs enfants. Elle note des cas de plus en plus fréquents d’enfants présents douze mois sur douze à la crèche. Il s’agit d’enfants de milieux plutôt favorisés dont les parents choisissent de prendre leurs vacances « en amoureux ». Chaque semaine apporte son lot de petits malades qui arrivent avec 37° à la crèche (grâce à un suppositoire miracle)... et geignent deux heures plus tard avec 39° C. Les parents s’insurgent quand on leur demande de ramener à la maison leur bébé malade.
 
La crèche fait si bien que les parents pensent qu’ils n’ont plus rien à faire... Anne Wagner lance un véritable cri d’alarme : parents, intégrez votre vie à celle de vos enfants !
 
  
 

 

 

 

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N
Je partage tout à fait cet avis. En fait, je me rends compte combien beaucoup de parents évitent le sujet, mal à l'aise. Parfois ils se sentent démunis, ou ont du mal à assumer un rôle de parents bien difficile quand l'éducation à la parentalité émerge que depuis peu. Certains ont du mal à se recentrer et à contacter leurs propres ressources internes pour sentir ce qui est juste pour eux-même et pour leur famille. Plonger en soi comporte une part de risque : celle de découvrir qu'il va peut-être falloir revoir des choix obsolètes. Sommes-nous prêts à cela ? Il y a souvent une souffrance et une culpabilité... Mais la traversée en vaut la peine : lors des séances de soutien que je propose, bien souvent le parent trouve en lui-même comment améliorer son propre quotidien en corrélation avec celui de la famille. Et quand il ne voit pas encore comment faire ou quelle attitude plus juste adopter, il apprend à vivre cela, dans l'espace des séances, afin de ne plus être envahi par ces soucis. Distance salutaire face aux problèmes (sans les nier) pour mieux vivre son quotidien avec les siens.
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