Contre la criminalisation de la petite enfance

Publié le par Julien Bordier

La pétition lancée en réponse au rapport de l'Inserm qui préconise une détection précoce des troubles comportementaux chez l'enfant vient de dépasser les 100 000 signatures. Trois questions au Dr Christine Bellas-Cabane, pédiatre, présidente du syndicat national des médecins de PMI
La pétition "Pas de zéro de conduite pour les enfants de trois ans" vient de dépasser les 100 000 signatures. Ce texte, lancé en janvier par des organisations de psychiatres, psychologues et pédiatres, s'oppose au plan gouvernemental de prévention de la délinquance qui prône notamment une détection très précoce des "troubles comportementaux" chez l'enfant, censés annoncer un parcours vers la délinquance.
Comment est née cette pétition?
Depuis le printemps dernier et la présentation d'un pré-rapport sur la prévention de la délinquance par le député Jacques-Alain Bénisti (UMP) qui évoquait le repérage des déviances chez l'enfant de moins de 3 ans, nous sommes très vigilants. En septembre 2005, le rapport de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) sur les "troubles de conduites chez l'enfant et l'adolescent" a donné une caution scientifique à l'idée que si un enfant mord, ment ou donne des coups de pieds avant ses trois ans, il est prédisposé à devenir un délinquant. Cela revient à dire que l'homme est génétiquement programmé et que nous devons donc exercer un contrôle social dès la crèche. En novembre, le rapport sur la prévention de la délinquance est revenu sur le devant de la scène, avec toujours cette volonté de faire renter les enfants de moins de 36 dans un moule. Il fallait que des voix s'élèvent pour protester contre ce projet.
Comment expliquez-vous ces 100 000 signatures?
C'est vrai que l'on imaginait pas au départ un tel succès. Il faut noter l'importante implication des parents. Ils ont senti le danger. Ce texte n'est pas qu'une querelle de psy, c'est un problème de société, de citoyens. Le fait que cela concerne les enfants a aussi servi de caisse de résonnance.
Que demandez-vous aujourd'hui?
Nous remettons en cause les fondements d'un dépistage précoce des troubles du comportement chez les enfants. Nous refusons la médicalisation de toute manifestation de mal-être social. En ce qui concerne le rapport de l'INSERM, on ne doit pas le considérer comme valide car il est fait de contre vérités. Il est trop éloigné des réalités du terrain. Il faudrait une nouvelle recherche, plurisdisciplinaire, avec des enseignants, des sociologues, des anthropologues.



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A
c'est tout simplement abérent!!! les gens qui ont rédigés cette loi ont-ils des enfants ? c'est à se demander! quel enfant n'a jamais mordu , donner un coup de pied , tiré les cheveux ou tapé... c'est leur façon de s'exprimer à cet âge là et en leur expliquant que c'est mal , cela suffit souvent pour les freiner dans leur pulsion. et même si certains continuent, ce n'est pour ça qu'ils vont devenir délinquants ou meurtriers ou je ne sais pas quoi d'autre!!! tout ça ne veut rien dire et je trouve ça même dangereux d'"étiqueter" les enfants surtout si petits!!! mais où va-ton!?!
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