Risques sanitaires liés au plomb

Publié le par Khâli-an

Guy Huel, directeur de recherche à l’INSERM, membre du groupe relatif à l’expertise collective INSERM est l’auteur du rapport "Plomb. Quels risques pour la santé". Pour Doctissimo, il précise les menaces qui pèsent sur les enfants contaminés.

Doctissimo : Les risques causés par le plomb sont-ils liés à la dose absorbée ?

Les risques sanitaires liés au plombGuy Huel : Oui, ils s'aggravent avec la dose. Au dessus de 100 µg (1) de plomb par litre de sang on décèle une atteinte du système nerveux de l’enfant et à plus de 400 µg/l on observe des encéphalopathies aiguës. L’enfant est plus sensible que l’adulte. Beaucoup d’experts sont d’accord pour penser qu’aucun seuil d’innocuité n’existe en ce qui concerne le plomb. Le plomb s'accumule dans le corps, en particulier le cerveau et les os. Légalement, à 100 µg/l de sang, les autorités sanitaires se doivent de surveiller les enfants. Mais s'ils présentent une plombémie (2) de 99 µg/l il n’y a plus de suivi alors que, médicalement, les risques encourus sont évidemment réels ; on peut craindre certains problèmes psychomoteurs, ainsi qu'une baisse de QI (quotient intellectuel).

Doctissimo : En quoi l’enfant est-il plus touché que l’adulte ?

Guy Huel : L’enfant absorbe plus de plomb que l’adulte et, dans la jeune enfance, les cellules du cerveau en cours de développement sont particulièrement sensibles. Cela peut conduire à un retard mental irréversible.

Doctissimo : Mais la surveillance de la pollution par le plomb est-elle dorénavant sérieusement considérée par les pouvoirs publics ?

Guy Huel : Pour trois des quatre principales sources d’exposition, cela est vrai car elles rentrent dans le cadre de la loi : limitation du plomb dans l’essence des véhicule ; future limitation du plomb contenu dans l’eau livrée à la consommation, volet saturnisme de la loi sur l’exclusion avec la rénovation des logements vétustes contenant des peintures au plomb. Mais il n'y a strictement rien sur la pollution industrielle par le plomb, ce qui n’est pas équitable : les enfants vivant dans des logements avec risque de saturnisme verront la réhabilitation du logement pris en charge par l’État si le propriétaire est défaillant, mais des enfants vivant autour d'un site industriel, avec souvent des risques plus aigus encore, seront, à la rigueur, surveillés mais devront rester exposés à la pollution. Ce fait souligne l’incohérence du système français face à la lutte contre le saturnisme.

1 : microgramme (millionième de gramme) par litre.
2 : mesure du plomb dans le sang.

* INSERM : Institut national de la santé et de la recherche médicale.

Sources Doctissimo

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