Le Portage en question : son rôle dans la psychanalyse

Publié le par Khalamity

 

Extrait

2) L'attachement selon Didier ANZIEU
C'est sous la plume de Didier ANZIEU que j'ai, donc, rencontré pour la première fois le concept de " pulsion d'attachement ".
Plus exactement, je l'avais entendu y faire allusion lors de la 1ère Conférence Internationale de Psychiatrie de l'adolescent qui s'était tenue à Paris en 1985, conférence au cours de laquelle il avait exposé son concept de " signifiants formels " dont il disait alors qu'ils se trouvaient facilement investis par la " pulsion d'attachement ", à la différence du fantasme classique dont " l'investissement pulsionnel est composé de sexualité et d'agressivité ", ce qu'il avait repris ensuite en 1987 dans son article sur " Les signifiants formels et le Moi-peau ".
Après quoi, j'ai retrouvé la pulsion d'attachement dans son livre paru en 1990 sur " L'épiderme nomade et la peau psychique ".
Je le cite :
"Bowlby a mis en évidence cinq critères qu'il me paraît nécessaire de compléter par un sixième. Leur réunion conditionne la réussite de l'attachement mutuel entre la mère (ou l'environnement maternant) et le tout-petit, c'est-à-dire qu'elle apporte à celui-ci l'expérience structurante d'un échange de tendresse. Il s'agit d'un accomplissement pulsionnel non libidinalisé, indépendant de l'investissement des zones érogènes (c'est moi qui souligne) et qui a conduit Bowlby à l'hypothèse d'une pulsion spécifique d'attachement, intermédiaire entre la pulsion d'auto-conservation et la pulsion sexuelle (également souligné par moi). En effet, les patients à qui a manqué cette expérience complète de l'attachement présentent une grande diversité dans leur vie sexuelle : active, modérée ou nulle ".
D. ANZIEU énumère alors les cinq critères de BOWLBY (l'échange des sourires, la solidité du portage, la chaleur de l'étreinte, la douceur du toucher et l'interaction des signaux sensoriels et moteurs lors de l'allaitement) auxquels il adjoint la concordance des rythmes.
Après quoi, il développe sa vision personnelle d'une métapsychologie de " l'attachement (au) négatif " en précisant que " du point de vue dynamique, l'attachement négatif résulte de l'alliance de la pulsion d'attachement à la pulsion d'auto-destruction plutôt qu'à celle d'auto-conservation ".
Et plus loin : " L'expérience négative de l'attachement obère l'accès à l'organisation oedipienne et suscite une résistance à cet accès ", ce qui revient à dire que les processus de transmission intergénérationnelle d'un attachement négatif peuvent entraver l'acceptation de la " relation d'inconnu " décrite par G. ROSOLATO et donc l'entrée dans un fonctionnement fondé sur la triangulation intra-psychique.
Ces quelques fragments contiennent les éléments principaux sur lesquels se fonde ma réflexion actuelle, mais il importe cependant de dire qu'à certains endroits de son œuvre, J. BOWLBY s'oppose en fait au concept de pulsion (d'attachement) et notamment quand il dit, à propos de sa théorie de l'attachement , que ce " nouveau paradigme est en mesure de se dispenser d'utiliser nombre de concepts abstraits, y compris ceux de l'énergie psychique et de la pulsion et d'établir (ainsi) des liens avec la psychologie cognitive ".
D. ANZIEU fait donc, en quelque sorte, une autre lecture de la théorie de l'attachement que celle de J. BOWLBY lui-même.

Sources :GERCPEA

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