Parentalité : Le soutien à la parentalité : entre émancipation et contrôle

Publié le par David Pioli

 L'aide à la fonction parentale s'est structurée à partir de la fin des années 1980 autour des réseaux administratifs ayant en charge la gestion de « l'opération pouponnières » et elle constitue aujourd'hui une catégorie de l'action des pouvoirs publics. Pour autant, elle ne renvoie pas à un référentiel univoque car elle est traversée par deux logiques contradictoires. Dans un cas, il s'agit de valoriser les compétences des parents, même lorsque ceux-ci sont « défaillants », afin qu'ils puissent effectivement assurer leurs droits et obligations. L'aide à la fonction parentale est ainsi mobilisée dans le cadre de projets visant à construire autour de l'enfant et de ses besoins une harmonie dont chacun pourrait tirer profit en terme de sécurité et d'épanouissement. Dans le second cas, le soutien à la fonction parentale est rattaché à une conception disciplinaire de l'action publique qui se nourrit de la problématique de l'insécurité, et qui repose sur la menace et la répression. L'action sur la parentalité est un moyen de sécurité publique et la prévention vise alors moins la sécurité de l'enfant que celle des tiers. Entre l'émancipation et le contrôle, nous observons ainsi deux manières opposées de concevoir les rapports entre la sphère du privé et celle du public, mais une même focalisation sur l'enfant que traduit l'affirmation répétée de l'ordre familial comme composante de l'ordre social global.
Texte intégral

Chose assez singulière pour être notée, un rapport préliminaire de la commission prévention du Groupe d'études parlementaire sur la sécurité intérieure mettait récemment l'accent sur l'importance de la période de la petite enfance (1-3 ans) dans le domaine de la prévention de la délinquance1. Les parents y étaient placés au c?ur du dispositif de prévention. « Informés et responsables », ils se devaient d'être « soutenus » par les structures éducatives ou sociales les entourant ; a fortiori dans le cas des familles recomposées ou monoparentales.

Cette question du soutien à la parentalité semble constituer aujourd'hui un élément structurant dans les réflexions et l'intervention des administrations ayant en charge les domaines de la justice, de la santé, du social et du familial. Pour autant, le soutien à la parentalité ne renvoie pas à un référentiel d'action stable et strictement défini. Ainsi, la logique même du rapport évoqué précédemment est en totale contradiction avec l'esprit du soutien à la parentalité tel qu'il fut conceptualisé à partir de la fin des années 1980 par l'administration du social dans le domaine, précisément, de l'accueil de la petite enfance2.

Dans le premier cas, le soutien à la parentalité se présente, selon notre analyse, comme outil de contrôle social. Destiné à conformer les pratiques individuelles à des exigences comportementales et morales collectivement déterminées, il repose sur une logique sécuritaire qui articule, autour de la responsabilité parentale, des dispositifs de surveillance, de catégorisation, et de répression.

Dans le second cas, il participe, au contraire, d'une transformation de l'intervention sociale portée par le respect de la personne et l'idéal des droits de l'homme. Il se présente comme l'outil d'une émancipation des individus que présuppose l'avènement d'une organisation sociale marquée par « la fin du protectorat exercé par l'État sur la vie sociale » et « les progrès d'une démocratie participative qui tend à impliquer directement des citoyens dans l'élaboration des choix3 ».

Dès lors, nous voudrions montrer ici qu'il semble difficile d'appréhender la question du soutien à la parentalité dans un registre unique, relevant du simple contrôle social ou, au contraire, d'une pure logique d'émancipation. Si bien que les dispositifs institutionnels paraissent traversés par des contradictions qui nuisent à la lisibilité de l'action publique et à sa compréhension.

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David Pioli . «Le soutien à la parentalité : entre émancipation et contrôle». Le temps de l'histoire, Jeunesses et sociétes en difficulté (n°1)
http://rhei.revues.org/document136.html

Revue d'histoire de l'enfance "irrégulière" est le titre de la version électronique de de la revue Le temps de l'histoire.
 
Sources : Revues.org
 

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