Intergénération.... quand les deux bouts se rejoignent

Publié le par Jean-Pierre Pastissie

Giromagny, quatrième âge et bébés créent ensemble de l'emploi
LE MONDE ECONOMIE | 09.01.06 | 15h52  •  Mis à jour le 09.01.06 | 17h27
TERRITOIRE DE BELFORT CORRESPONDANT
 
ASSOCIATION régie par la loi de 1901, la maison de retraite Saint-Joseph de Giromagny, dans le Territoire de Belfort, accueille 162 personnes âgées, dont une partie dans une unité dont les patients sont atteints de la maladie d'Alzheimer. "Notre souci, expliquent l'ancienne directrice de l'établissement, Odette Gripoix qui vient de prendre sa retraite, et le médecin gériatre, le docteur François Jeanblanc, a été de briser la solitude dont souffrent souvent nos pensionnaires et d'éviter l'effet ghetto. Dans ce but, nous avons décidé de nous ouvrir sur l'extérieur en nous impliquant plus largement dans la vie locale et en travaillant en réseau avec différents partenaires."

 Une démarche intergénérationnelle plutôt originale qui ravit les responsables de maisons de retraite. | AFP/JEAN-PHILIPPE KSIAZEK AFP/JEAN-PHILIPPE KSIAZEK

 

La démarche fondée sur l'idée de casser l'isolement des personnes âgées en leur faisant côtoyer des plus jeunes, a été initiée dès 1999. "Le plus difficile, souligne le docteur Jeanblanc, a été de mettre d'accord les différents partenaires. Revers de la médaille, le travail en réseau suppose, en effet, l'intervention d'intervenants multiples — les élus, les pouvoirs publics, les conseils d'administration, les équipes de direction, etc. Or il est souvent délicat de convaincre tout le monde. Nous y sommes néanmoins parvenus grâce à une réflexion approfondie et des propositions sérieuses."

Cette démarche intergénérationnelle plutôt originale a donc fini par se concrétiser. Elle vient d'ailleurs de valoir à l'Association de l'établissement hébergeant des personnes âgées dépendantes (Ehpad) le Trophée décerné à l'automne 2005 par Directions, un magazine mensuel destiné aux directeurs du secteur sanitaire et social.

Lorsqu'on franchit la porte d'entrée de la maison de retraite de Saint-Joseph, on découvre sur la droite une pancarte assez insolite. On peut y lire "Les Papy'llons". Il s'agit d'une crèche/halte-garderie intégrée, depuis la fin 2004, dans l'établissement. Financée par la Communauté de communes de la Haute-Savoureuse, la caisse d'allocations familiales (CAF) du Territoire de Belfort, et les parents, elle accueille dix-huit enfants. La crèche, qui ne désemplit pas, a permis de créer trois emplois occupés par une directrice diplômée et deux auxiliaires de puériculture.

Pour les responsables de la maison de retraite, l'essentiel est, cependant, ailleurs. Ils sont ravis des relations qui se nouent entre les bambins heureux d'avoir des "mamies" et des "papys" à domicile et les anciens. Ces derniers, en leur donnant toute leur affection, en leur racontant des histoires, en apprenant aux plus âgés qui vont bientôt fréquenter les bancs de l'école maternelle les premiers balbutiements de la lecture, ont le sentiment d'être utiles, "de revivre", confirme en souriant une grand-mère de 92 ans.

L'initiative lancée par Odette Gripoix a été poursuivie par son successeur. Récemment, le nouveau directeur de Saint-Joseph, Denys Laruelle, a signé une convention avec l'Institut médico-éducatif (IME) Charles-Pedrizet, à Giromagny, qui emploie des jeunes handicapés. La maison de retraite avait un problème : sa laverie était vétuste. De son côté, l'IME cherchait à étendre ses activités.

Fruit d'une coopération bien comprise, un accord a pu être trouvé : l'IME rénovera les locaux et le matériel de la laverie. En contrepartie, l'Ehpad de Giromagny lui louera le bâtiment et a décidé de lui confier le lavage du linge de la maison de retraite, afin de lui assurer une charge de travail. L'antenne de l'IME pourra également élargir ses prestations à d'autres donneurs d'ordre, si des opportunités se présentent.

La nouvelle laverie vient d'ouvrir ses portes au début du mois de janvier. Une trentaine de jeunes de l'IME y ont trouvé un emploi, et donc le moyen de s'insérer dans la vie active.

Le modèle développé à Giromagny est-il reproductible ailleurs ? "Assurément, répond le docteur Jeanblanc, qui s'empresse d'ajouter : à condition de mener une analyse rigoureuse. Il faut démontrer que les projets répondent, non seulement à des besoins d'un établissement de retraite et de ses résidents, mais aussi de la population et des familles d'un secteur géographique bien défini."

Jean-Pierre Pastissie
Article paru dans l'édition du 10.01.06
Sources : journal Le Monde
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P
Excellente initiative!!! <br />  
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