Chez nos voisins Belges : Du troc pour les mamans adolescentes

Publié le par Chantal Godard

Du troc pour les mamans adolescentes
Chantal Godard

 Etre adolescente, maman et continuer un parcours scolaire, difficile...
Le Cefa prend cette problématique à bras le corps.


Il initie un partenariat avec une crèche pour offrir aux mamans ados la gratuité de la garde de leur enfant.

A Namur, le Centre d'Education et de Formation en Alternance (Cefa) de la rue Asty Moulin a initié un partenariat avec la crèche des «Fougères» pour accompagner les adolescentes qui se retrouvent prématurément mamans avec tous les problèmes de garde d'enfants cumulés aux difficultés de maintenir leur parcours scolaire malgré tout.

Il vient d'obtenir fin 2005 le premier prix de l'appel à projets de Zoom Jeunes (2500euros) ainsi qu'un soutien de la Fondation Roi Baudouin (7000 euros).

Confronté depuis plusieurs années à l'arrivée dans son école d'adolescentes enceintes et ensuite mamans, Alain Fossion, directeur du Cefa, a pris cette problématique à bras le corps.

Un bébé, c'est une réussite

Une première expérience a été tentée en 1999-2000 où, à raison de 15 heures par semaine, une assistante sociale et une infirmière assuraient un module «Bébés rencontres» avec un apprentissage pour donner les soins au bébé et un espace de parole ainsi qu'une journée de formation professionnelle: «Nous étions face à ces adolescentes poussées dehors par les autres écoles. Le problème, c'est que cet espace de «bébé rencontre» a provoqué un phénomène de contagion et d'imitation. Elles tombaient trop enceintes et ce n'est pas ce que nous voulions. Il faut expliquer que ces adolescentes entendent depuis les classes maternelles qu'elles sont nulles. Faire un bébé, pour elles, c'est une réussite. De plus, la société fait cas des mamans. Mais nous ne voulions pas gérer un effet de contagion et d'imitation».

En trois ans, sur une population moyenne par année de 240 élèves, le Cefa a intégré une soixantaine de mamans adolescentes sur des périodes de plus ou moins courte durée avec un maximum de douze mamans simultanément. «Nous sommes face à une demande en dents de scie. Pour ces adolescentes, une fois qu'il est accepté, la prise en charge de l'enfant devient essentielle. Si l'enfant n'est pas désiré et qu'elles ont recours à l'IVG, le problème s'arrête là. Il existe peu ou pas de structure pour les soutenir. Sur le plan administratif, ces ados ne trouvent place dans aucune des 1350 cases existantes. D'autre part, l'enseignant est d'emblée considéré comme suspect par l'administration et les solutions efficaces sont écartées».

C'est ainsi qu'Alain Fossion s'est adressé à la crèche des «Fougères», ASBL reconnue mais pas subsidiée par l'ONE. Cette crèche privée créée en 1981 par des puéricultrices de l'institut Notre-Dame accueille un maximum de 20 enfants et est cogérée par les parents des enfants et les puéricultrices.

Un terrain d'exercice

Elle sert de lieu de stage pour les puéricultrices des sections Nursing et Puériculture de l'Institut. «Comme elle manquait d'argent et de moyens en personnel, l'idée était de créer une synergie avec la crèche nouvellement installée dans les bâtiments de l'ancien internat de l'institut St-Berthuin à Malonne. Cela donne l'opportunité aux jeunes du Cefa de rénover la partie du bâtiment désaffectée tout en se formant en tant que carreleurs, chauffagistes, horticulteurs, peintres etc. C'est un terrain d'exercice où les jeunes en apprentissage ne sont pas soumis au même rendement que dans une entreprise et où ils se forment en pratique aux métiers du bâtiment. Nous offrons ainsi une main-d'oeuvre gratuite à la crèche qui ne paie pas de location. En plus, le matériel n'y est pas gaspillé. Et, en échange, les mamans adolescentes ont accès gratuitement aux services de la crèche».

Il va sans dire que le Cefa fait aussi un travail de prévention en matière de planning familial. Dans le cadre des cours de formation sociale, les élèves vont dans les centres de planning familial namurois pour une initiation aux méthodes contraceptives et une formation au cycle de reproduction.

De surcroît, une éducatrice du Cefa joue un peu le rôle de maman informelle au sein même de l'école.

Sources : La Libre Belgique

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